Archives | Arizona
Poupée Kachina
Arizona
Koshare Katsina – Kachina Clown Hano
Hopi
Années 1900-1920
Bois sculpté (cottonwood) et pigments
Hauteur : 25 cm
Provenance
Ex collection Steve Nelson, Californie depuis les années 1970
Vendu
Les poupées kachina (katsinam) représentent les esprits ou dieux du panthéon des Indiens Pueblo du Sud-Ouest des États-Unis. Offertes aux enfants, les kachinas constituaient un outil pédagogique leur permettant de se familiariser avec le monde spirituel et de perpétuer la connaissance des mythes fondateurs au sein de la société.
Cette Kachina est la représentation de la Kachina clown Koshare. Elle jouait le rôle de perturbateur ou de trouble-fête durant les danses cérémonielles. Elle venait provoquer les kachina Gardiens et Fouettards, se moquait des autres esprits et danseurs Kachina et venait faire rire ceux qui assistaient aux danses.
Les Clowns jouaient un rôle important dans le cadre des cérémonies Hopi. Ils permettaient en effet, en plus du caractère théâtral et comique de leur apparition, de permettre aux Gardiens et Guerriers de faire régner l’ordre et d’incarner justice et sagesse.
Les Gardiens avaient souvent gain de cause, mais il arrivait que les Clowns les mettent en déroute, provoquant désordre et confusion au cœur même de la cérémonie.
Cela ne doit rien au hasard et correspond à l’illustration symbolique, chorégraphiée, de travers inhérents à la nature humaine. En effet, pour les Hopi, la communauté des esprits Kachina ressemble à celle des humains : certains membres aspirent à se conformer à l’ordre établi, d’autres n’ont de cesse de tordre ou enfreindre les règles. Loin d’être considérés avec mépris, les Kachina Clowns sont respectés, craints et admirés. Ces « Maîtres du Désordre » représentent ce que Roger Caillois nommait « le sacré de la transgression » ("L’Homme et le Sacré", 1939).
Lors de son séjour chez les Hopi en 1945, André Breton a assisté à des cérémonies kachina, dont notamment les danses de Clown (les gloutons Koyala) dans le village de Mishongnovi sur la seconde Mesa.
Dans son « Carnet de voyage chez les Indiens Hopi » voici ce qu’il en dit : « Les clowns rompent parfois la file des danseurs, se livrent à des imitations du berger qui fait mine très fréquemment de tirer de l'arc et se tient hors de la file. Ils imitent aussi les saupoudreurs de maïs. Des femmes, lorsque les danseurs se sont retirés, leur apportent d'innombrables provisions (pains de toutes formes, pastèques, oranges, oeufs durs, orangeade et des sucreries grises en forme de rouleaux de papier, dites piki). Ils cassent les pastèques en les faisant tomber de haut et se bombardent de temps à autre avec les morceaux. Ils font mine de construire en miniature une « toilette » avec un arbuste, après avoir longuement débattu de son emplacement. Chacun des clowns est parti dans une direction, l'un rapporte une caisse brisée, l'autre un vieux magazine sur les pages duquel on peut entrevoir des gravures de mode. Le troisième détache de sa ceinture une poupée de style européen qui lui pendait dans le dos et l'assoit devant l'arbuste, auquel on a passé aussi des colliers, etc. Ils tendent à impressionner les enfants, à provoquer leur désapprobation en agissant comme eux au paroxysme. D'où leur gesticulation et leur caquetage continuel, de là qu'ils mangent comme des sagouins (en creusant avec leur main dans la pastèque, en buvant tous dans la même bouteille, en répandant l'orangeade qu'ils offrent à la poupée). Ils s'acharnent sur le personnage du tambour, lui tirent ses cabochons de tête, lui introduisent dans les yeux les deux oreilles ou les cornes qu'ils portent pendantes : le tambour continue à jouer imperturbablement. »
Cette Kachina est la représentation de la Kachina clown Koshare. Elle jouait le rôle de perturbateur ou de trouble-fête durant les danses cérémonielles. Elle venait provoquer les kachina Gardiens et Fouettards, se moquait des autres esprits et danseurs Kachina et venait faire rire ceux qui assistaient aux danses.
Les Clowns jouaient un rôle important dans le cadre des cérémonies Hopi. Ils permettaient en effet, en plus du caractère théâtral et comique de leur apparition, de permettre aux Gardiens et Guerriers de faire régner l’ordre et d’incarner justice et sagesse.
Les Gardiens avaient souvent gain de cause, mais il arrivait que les Clowns les mettent en déroute, provoquant désordre et confusion au cœur même de la cérémonie.
Cela ne doit rien au hasard et correspond à l’illustration symbolique, chorégraphiée, de travers inhérents à la nature humaine. En effet, pour les Hopi, la communauté des esprits Kachina ressemble à celle des humains : certains membres aspirent à se conformer à l’ordre établi, d’autres n’ont de cesse de tordre ou enfreindre les règles. Loin d’être considérés avec mépris, les Kachina Clowns sont respectés, craints et admirés. Ces « Maîtres du Désordre » représentent ce que Roger Caillois nommait « le sacré de la transgression » ("L’Homme et le Sacré", 1939).
Lors de son séjour chez les Hopi en 1945, André Breton a assisté à des cérémonies kachina, dont notamment les danses de Clown (les gloutons Koyala) dans le village de Mishongnovi sur la seconde Mesa.
Dans son « Carnet de voyage chez les Indiens Hopi » voici ce qu’il en dit : « Les clowns rompent parfois la file des danseurs, se livrent à des imitations du berger qui fait mine très fréquemment de tirer de l'arc et se tient hors de la file. Ils imitent aussi les saupoudreurs de maïs. Des femmes, lorsque les danseurs se sont retirés, leur apportent d'innombrables provisions (pains de toutes formes, pastèques, oranges, oeufs durs, orangeade et des sucreries grises en forme de rouleaux de papier, dites piki). Ils cassent les pastèques en les faisant tomber de haut et se bombardent de temps à autre avec les morceaux. Ils font mine de construire en miniature une « toilette » avec un arbuste, après avoir longuement débattu de son emplacement. Chacun des clowns est parti dans une direction, l'un rapporte une caisse brisée, l'autre un vieux magazine sur les pages duquel on peut entrevoir des gravures de mode. Le troisième détache de sa ceinture une poupée de style européen qui lui pendait dans le dos et l'assoit devant l'arbuste, auquel on a passé aussi des colliers, etc. Ils tendent à impressionner les enfants, à provoquer leur désapprobation en agissant comme eux au paroxysme. D'où leur gesticulation et leur caquetage continuel, de là qu'ils mangent comme des sagouins (en creusant avec leur main dans la pastèque, en buvant tous dans la même bouteille, en répandant l'orangeade qu'ils offrent à la poupée). Ils s'acharnent sur le personnage du tambour, lui tirent ses cabochons de tête, lui introduisent dans les yeux les deux oreilles ou les cornes qu'ils portent pendantes : le tambour continue à jouer imperturbablement. »
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