Archives | Gabon
Masque Punu
Gabon
Masque Ikwara
Bois sculpté et pigments
Début du 20e siècle
Hauteur : 30 cm
Ex collection Galerie Monbrison, années 1980, Paris
Ex collection Alberto Costa, Barcelone
Ex collection privée, Barcelone, depuis 40 ans
Vendu
Selon Louis Perrois, "Il est paradoxal d'imaginer que certains chefs-d'œuvre de la sculpture africaine aient été façonnés, et avec quel talent, pour finalement ne pas être vus lors des rituels dans lesquels ils intervenaient. C'est pourtant le cas des masques Punu noirs, connus sous le nom de ikwara dans la région de la Ngounié (Sud Gabon).
En contrepoint de la multitude de masques « blancs » okuyi des Punu, représentant, sous les traits d'une jeune fille, l'esprit d'une défunte, on sait qu'il existe un très petit nombre de masques, de morphologie analogue (visage et coiffe) mais entièrement teintés de noir, agrémentés pour certains de motifs décoratifs rouge vif (pourtour des yeux, scarifications, parfois les lèvres), enduits de ngula.
Si masques blancs et noirs partagent une même physionomie emprunte d'une beauté idéalisée, leur couleur évoque une entité radicalement distincte. La teinte – noir ou brun foncé – des masques identifiés par les ethnologues André Raponda Walker et Roger Sillans (Rites et croyances des peuples du Gabon, 1962 : 143) comme ikwara (ou ikwara-mokulu, c'est-à-dire le « masque de la nuit »), symbolise son rapport avec les forces inquiétantes du monde des esprits. A la suave beauté des jeunes-femmes défuntes de l'okuyi répond ici l'évocation d'une entité masculine (selon LaGamma, 1995 : 148), peut-être un grand initié déjà disparu, ou une vieille femme dont certaines étaient réputées expertes en remèdes magiques.
Les masques ikwara, aux fonctions anciennes de justicier (évoquant peu ou prou celles du ngil des Fang), ne dansaient qu'au crépuscule ou surtout la nuit, juchés sur de petites échasses (mugèla, muri-ditengu - Walker et Sillans, idem : 144) et à l'écart du village. Le masque et ses acolytes avaient une fonction de « juge de paix » pour résoudre des palabres graves, difficiles à traiter de façon ordinaire ; il ne dansait qu'en présence des seuls initiés et des personnes mises en cause. Dans les musées et les collections, les masques noirs Punu sont très rares, probablement en raison de leur caractère potentiellement dangereux qui a pu inciter les villageois initiés, d'une part à éviter de les montrer aux Européens de passage et d'autre part, en cas de découverte fortuite, à ne pas les céder aussi facilement que les autres, beaucoup plus inoffensifs au plan rituel et donc aisément reproductibles. Cette importance fonctionnelle explique aussi que certains spécimens aient été conservés très longtemps dans les villages, avec un soin tout particulier, d'où leur magnifique patine presque laquée.
C'est ainsi que ces masques ikwara, de si belle finition sculptée pour certains, étaient des effigies rituelles dédiées au mystère, gage d'efficacité spirituelle, dont les sorties devaient être rares et fortement théâtralisées. A l'exception des masques blancs okuyi dont les danses animaient les assemblées communautaires diurnes des Punu, c'était le cas pour la plupart des masques gabonais dont les apparitions éphémères et fantomatiques à l'aube ou au crépuscule étaient organisées selon une mise en scène tendant à dissimuler les formes de bois de l'entité sous un amas de pagnes ou de fibres, afin d'en préserver le caractère momentanément surnaturel.
Dans le cas des masques ikwara, comme pour le ngil du Nord Gabon, le procédé a été poussé à l'extrême afin de renforcer au mieux le pouvoir occulte de l'esprit. Voilà donc un masque qui a été sculpté pour n'être vu, finalement, que du danseur et de ses assistants ! Son efficacité rituelle provenait en effet et pour beaucoup, de la peur qu'il inspirait aux personnes mises en cause, une peur d'autant plus grande que les traits du puissant esprit masqué, aux yeux mi-clos cernés de vermillon, ne surgissaient des ténèbres qu'un bref instant au passage fulgurant des torches d'herbes enflammées".
Ces masques Punu ikwara font parties des oeuvres iconiques des arts africains classiques. Il se dégage de ce masque une poésie et une intériorité remarquables.
En contrepoint de la multitude de masques « blancs » okuyi des Punu, représentant, sous les traits d'une jeune fille, l'esprit d'une défunte, on sait qu'il existe un très petit nombre de masques, de morphologie analogue (visage et coiffe) mais entièrement teintés de noir, agrémentés pour certains de motifs décoratifs rouge vif (pourtour des yeux, scarifications, parfois les lèvres), enduits de ngula.
Si masques blancs et noirs partagent une même physionomie emprunte d'une beauté idéalisée, leur couleur évoque une entité radicalement distincte. La teinte – noir ou brun foncé – des masques identifiés par les ethnologues André Raponda Walker et Roger Sillans (Rites et croyances des peuples du Gabon, 1962 : 143) comme ikwara (ou ikwara-mokulu, c'est-à-dire le « masque de la nuit »), symbolise son rapport avec les forces inquiétantes du monde des esprits. A la suave beauté des jeunes-femmes défuntes de l'okuyi répond ici l'évocation d'une entité masculine (selon LaGamma, 1995 : 148), peut-être un grand initié déjà disparu, ou une vieille femme dont certaines étaient réputées expertes en remèdes magiques.
Les masques ikwara, aux fonctions anciennes de justicier (évoquant peu ou prou celles du ngil des Fang), ne dansaient qu'au crépuscule ou surtout la nuit, juchés sur de petites échasses (mugèla, muri-ditengu - Walker et Sillans, idem : 144) et à l'écart du village. Le masque et ses acolytes avaient une fonction de « juge de paix » pour résoudre des palabres graves, difficiles à traiter de façon ordinaire ; il ne dansait qu'en présence des seuls initiés et des personnes mises en cause. Dans les musées et les collections, les masques noirs Punu sont très rares, probablement en raison de leur caractère potentiellement dangereux qui a pu inciter les villageois initiés, d'une part à éviter de les montrer aux Européens de passage et d'autre part, en cas de découverte fortuite, à ne pas les céder aussi facilement que les autres, beaucoup plus inoffensifs au plan rituel et donc aisément reproductibles. Cette importance fonctionnelle explique aussi que certains spécimens aient été conservés très longtemps dans les villages, avec un soin tout particulier, d'où leur magnifique patine presque laquée.
C'est ainsi que ces masques ikwara, de si belle finition sculptée pour certains, étaient des effigies rituelles dédiées au mystère, gage d'efficacité spirituelle, dont les sorties devaient être rares et fortement théâtralisées. A l'exception des masques blancs okuyi dont les danses animaient les assemblées communautaires diurnes des Punu, c'était le cas pour la plupart des masques gabonais dont les apparitions éphémères et fantomatiques à l'aube ou au crépuscule étaient organisées selon une mise en scène tendant à dissimuler les formes de bois de l'entité sous un amas de pagnes ou de fibres, afin d'en préserver le caractère momentanément surnaturel.
Dans le cas des masques ikwara, comme pour le ngil du Nord Gabon, le procédé a été poussé à l'extrême afin de renforcer au mieux le pouvoir occulte de l'esprit. Voilà donc un masque qui a été sculpté pour n'être vu, finalement, que du danseur et de ses assistants ! Son efficacité rituelle provenait en effet et pour beaucoup, de la peur qu'il inspirait aux personnes mises en cause, une peur d'autant plus grande que les traits du puissant esprit masqué, aux yeux mi-clos cernés de vermillon, ne surgissaient des ténèbres qu'un bref instant au passage fulgurant des torches d'herbes enflammées".
Ces masques Punu ikwara font parties des oeuvres iconiques des arts africains classiques. Il se dégage de ce masque une poésie et une intériorité remarquables.
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